jeudi 24 juin 2010

QUITO, j'adoooooore !

A Fred, le bateau rouillé, ses passagers, ses bruits et ses odeurs... A moi, le soin de vous conter les mille et une richesses sensorielles et intellectuelles de la capitale de l'Equateur !

Quito est une ville oú l'on marche, mais pas trop. Le centre historique est un concentré coloré de batiments coloniaux restaurés (et patrimoine de l'humanité) et d'églises toutes plus impressionnantes les unes que les autres : baroques ou néo-classiques, décors à la peinture ou à la feuille d'or du sol au plafond, il n'y a qu'à ouvrir les yeux pour apprécier leur beauté (et prendre conscience des moyens déployés par les conquistadores dans leur effort de christianisation...).
Pour gagner le New Quito, ses restaurants et ses hôtels branchés, ses cafés internet et ses discothèques, il n'y a qu'à prendre un TROLE, bus électrique à couloir réservé.
Partout, pour se reposer de tant de merveilles, des places ceintes de couvents, de théâtres et de boutiques, et des parcs pelousés peuplés de toboggans et de joueurs d'échecs !

Quito est la capitale d'un pays dont les richesses premières profitent aussi à ses habitants (les meilleurs produits ne sont pas tous entièrement destinés à l'exportation). Chocolat, café... Attention, la liste des mets de qualité ne fait que commecner ! Empanadas de viento (un peu de fromage et beaucoup d'air!), canelazo (liqueur et jus de cannelle chaud), pristiñas au miel (de simples mais si succulents beignets), yaguarloco (soupe de pommes de terre avec fromage, porc et avocat)... je passe sur les croissants, les melbas et autres pâtisseries meringuées !

Quito ! Ah Quito ! une ville de nana ! Une balade en bateau, en amoureux et en plein milieu de la ville, c'est possible ! Du shopping à tous les coins de rue, c'est faisable ! Les objets d'artisanat rivalisent de finesse et d'authenticité. Une épilation complète et une coupe de cheveux pour seulement 15 dollars ?! Vous ne rêvez pas ! En bonne consommatrice européenne, je teste tout ! Et certifie avoir encore mes cheveux et presque plus de poils !

Seul hic et pas des moindres, Quito est une ville qui se couche tôt. Sauf à La Ronda, une rue qui remplit le ventre de spécialités quiteniennes et les oreilles de musique équatorienne (pour ceux que cela intéresse, j'ai craqué sur le CD de Byron, le chanteur de notre chorizo-patates d'hier soir!), bref ! Sauf dans cette fameuse rue, les restau du centre sont fermés avant 20h et les rues se vident dès la tombée de la nuit. Sécurité oblige !
Alors on ne fait pas les malins, surtout qu'on s'est fait moutardés en plein jour ! Je m'expliquerai plus tard...

Pour conclure mes poulettes, séchez votre mascara qui transpire de jalousie ! Ma vie trépidante de nouveautés arrive à son terme, du moins en Equateur. Plus qu'un mois et c'est déjà PAris ! En attendant, je suis bien contente de me plaire ici. Avec les capitales d'Amérique latine, c'est souvent Quito-double...

Nos vies sur un long fleuve tranquille...


Depuis plus d'une semaine, nous vivions dans l'amazonie péruvienne, entre TARAPOTO et IQUITOS. Humidité, banane planteur et tranquilité isolée. Une fois à IQUITOS, après une première croisière, plus de routes, le voyageur est dépendant des désirs de capitaine et de l'organisation portuaire.

Tout commence par un réveil très matinal le dimanche 13 juin. A 6h au port d'IQUITOS, en une rapide et fraiche 1/2h de bateau, nous débarquons à MAZAN, petit village sans routes. Dans la logique des évènements, le Cabo Pantoja, cargo parti la veille d'IQUITOS(après 3 jours de retard) devait arriver vers la mi-journée. Les heures passent, le port s'anime, la chaleur humide s'installe mais toujours rien à l'horizon. La rumeur du non départ du cargo commence à s'installer, confirmée plus tard par un fameux Omar, le contact de la capitainerie de MAZAN...
Fatigués, dessechés et sans espoirs, nous nous installons dans le seul hotel non effrayant du village. Soirée, diner, des chants de femmes nous attirent vers une demeure en bois, la chapelle de "La Nueva Vida". Sermen de Salmon et nous repartont avec un bébé chaton, offert par les fidèles. Ce nouveau compagnon de route, après quelques pipis, crottes et beaucoup de puces nocturnes sera rendu le lendemain, la fausse bonne idée aura durée une nuit, le temps de le baptiser Mochica. Il est temps de passer au port prendre les nouvelles fraiches du jour, toujours pas parti, demain sans faute... 1 jour de plus a MAZAN, on dévore les gateaux au yaourt du marché, on sieste à l'ombre, l'Italie égalise face aux veloces paraguayens. Dernier passage a la capitainerie " il vient de partir, demain ici à la mi-journée"...!!!
Lendemain matin, vers 12h...non 9h le bateau accoste, chargé d'humains, bêtes et caisses de provisions. On glisse nos hamacs pour cette semaine d'amazone que je vais maintenant vous faire partager.

Le personnage principal est donc le fameux Cabo Pantoja, cargo à 2 étages, reliant IQUITOS/PANTOJA en une semaine de lente et on peut dire maladroite naviguation. Depuis son hamac, le capitaine délegue la barre, le déchargement et la fatigue à son équipage. Le voyage est (trop) souvent ponctué d'arrêts PLUS ou moins long pour décharger du ravitaillement aux nombreuses communautées qui habitent les rives du Rio Napo.
Nos 2 portes de prison de cuisinières nous préparent chaque jour des mets exquis donc voici la carte:
- Matin, entre 6h et 7h30: (en fonction de la qualité de la nuit) EAU+LAIT+RIZ de la veille ou SOUPE DE SARDINES ou SOUPE DE GRAS DE VIANDE
-Midi, vers 12h (le meilleur): RIZ+GRAS DE POULET+BANANE PLANTEUR
-Soir, entre 18h et 19h (encore une fois, en fonction de la fatigue de la journée): EAU+LAIT+RIZ du fond de la casserole du midi
Au fond du bateau, adossés au moteur, l'espace sanitaire. Les cabines de W:C font face aux cabines de douches, le tout relié par un ingénieux système de canalisation en communication directe, avant et après utilisation avec l'eau couleur smecta du Rio. L'usager à le choix entre une douche dans l'obscurité ou bien, grâce à une ampoule totalement aux normes, contempler la petite vie des fourmis, araignées, papillons et autres petites bébetes qui gambadent sur les parois baroques et rouillées de la cabine.
Propres et bien nourris, il est temps de se blottir dans son hamac pour une douce nuit, au rythme des arrêts dans les villages, les déménagements de ses voisins de chambre, les nettoyages de nez, gargarismes divers, cris d'enfants et les subites envies nocturnes de cumbia...
Des romances déchirantes se déroulent en direct, les ordures se déversent dans le fleuve, Emma capitalise nos derniers soles au Bingo. Un taxi/industriel/boulanger rêve d'apprendre la patisserie française tandis que Talia, jeune adolescente ne parvient toujours pas à retenir nos prénoms. Toute cette harmonie flottante est parfois interrompue par de stupéfiants couchers de soleil, livrant chaque soir une nouvelle palette et quelques instants de calme, signes d'une journée écoulée...

Le sang et l'argent continuent de couler dans "Les veines ouvertes de l'Amérique latine", les pensées et projets de rentrée défilent, on tue ce temps qui défile si péniblement. On pense à QUITO, à Cécilia qui s'apprète à nous rejoindre, à nos 8 mois sur ce continent, à nos 2 ans de couple et à toutes les festivitées qui nous attendent parmis vous tous dans quelques semaines.

Nous avons vécu et observé cela pendant une semaine, tandis que la population subit cette poubelle flottante toute l'année, sans se plaindre. La cargaison et l'équipage ont plus de valeur que les passagers, bétail entassé et suffoquant, payant bien cher cette croisière bien amère. A quand un nouveau cri du peuple, à en retourner les Bolivar, San Martin et autres libérateurs...


Amazoniquement votre,

samedi 12 juin 2010

Hola Puès!


Les Misfits vous saluent depuis la ¨petite¨ville d'Iquitos, au fond de la jungle peruvienne, dans l'attente d'un bateau pour l'Equateur, que nous atteindrons dans une bonne semaine. Emma vous avait retrouvé après notre parcours Inca, à moi de vous narrer la suite, avant d'entamer notre dernier mois de voyage équatorien...

Dans ce pays où la vie est plus chère, chaque nouveau bus nous permet de changer de décor, d'ambiance, de personnes en quelques heures. Apres la vallee sacrée(ment) riche en sites et en restaurants à touristes, nous nous sommes refugiés sur la cote de Paracas, réserve naturelle de pélicans, faune marine et Pisco Sour économiques et sympathiques, le tout perdu dans un desert de sable. Le ¨paracas¨ est un vent puissant qui emporte tout, s'infiltre dans les maisons, tel notre mistral, sauf que celui ci est rempli du sable du desert voisin. Fiers et sans un sou, nous avons parcouru ces dunes à la recherche de paysages, d'oiseaux marins et d'un grand bol d'air marin pendant toute une journee, affrontant les bourrasques sableuses, le soleil omnipresent jusqu'à la fameuse falaise dite ¨la catedral¨, qui a perdu sa voute suite à un tremblement de terre. La petite 4L de deux pêcheurs nous évite 10 km de retour à pied, ¨que suerte¨, le diner va être bon et tot!

De tous les recits de voyageurs nous ayant précédés, LIMA semblait devoir être une étape courte et peu agréable. Nous devions l'atteindre apres un séjour dans la communautée afro-péruvienne de ¨El Carmen¨, séjour qui est passé de 2 jours à 2 heures... Village désert, aucune festivité, après déjà 1 bus et 2 colectivos, on saute dans un dernier bus pour la capitale... Arrivée de nuit, crachés sur un bord de périphérique, on attrape un colectivo, on se fait guider, on se dirige vers Miraflores, quartier ultra-riche, aseptisé et securisé pour les touristes, pour finalement terminer cette journee de route dans le canapé bien confortable de cette auberge chaleureuse. Et bien, malgré la grisaille ambiante, la pollution inoubliable et le bruit urbain ininterrompu, nos visites de sites, musées et promenades urbaines ont été plutot agréables, sachant qu'une bonne auberge familiale nous attendait chaque soir pour nos repas. Je ne peux pas apprecier la non-beauté de cette ville, je suis plus admiratif de son identité et caractère unique, un résumé bruyant et intense du Perou, de ses marchés grouillants, ses crieurs de bus qui paraissent être les guides de cette fourmilière que nous avons laissée au petit matin après 3 jours, pour se rendre à CARAL, la plus ancienne cité sud-americaine, peut être même du monde, comme dirait le guide, ¨eso esta en proceso de investigacion¨.

Apres la cote, les cotes, celles des cimes de la région de HUARAZ et le parc naturel de la Cordillière blanche. On remonte à plus de 3000 mètres, on retrouve nos polaires le soir après les balades intenses et les visites de sites, tels CHAVIN et ses fameux souterrains, ancien lieu de culte et de célébrations. Les menus à  4 soles continuent de remplir nos estomacs, agrémentés de fruits frais, de jus, de dégustations ponctuelles et de mets inconnus, bons ou pas... HUARAZ fut également le lieu d'une découverte intense, je dirai même sublime, tel est le nom de cette barre de chocolat industrielle qui ne nous quitte plus depuis; cela est devenu notre petit péché, avant d'atteindre les plaines chocolatées d'Equateur! Autre grand moment ( non, on ne pense pas qu'à ca mais aussi quand même!) la dégustation de fromage, très similaire au saint-nectaire, qui a largement agrémenté notre gratin de pommes de terres du soir, tandis qu'Adrien Brody palissait de maigreur dans la Varsovie occupée. 

On ferme le restaurant, une bonne nuit dans un bus tout confort (vrai pour le bus, faux pour la nuit), on redescend vers l'océan, on évite les bonimenteurs du terminal et l'on monte dans un bus jaune et blanc, marqué HUANCHACO. La fin de l'été ne nous empêche pas de profiter des vagues des surfeurs, des fruits de mer pêchés devant nous, digérés le soir même et de rentrer en confidence avec la tenanciere du ¨Tambo¨, petit restaurant de front d'océan. Elle pleure encore la disparition de son père qui lui a légué son restaurant et tout son amour. En bon normand d'adoption, je saute plusieurs fois dans l'océan, avant de retrouver ses vagues et ses crabes en Equateur ( que d'attentes me direz vous!). Evidement, nous n'échappons pas au parcours de sites CHIMU de CHAN-CHAN et MOCHICA del BRUJO et à la momie de ¨La senora de Cao¨ unique dirigente feminine de l'histoire du pays. Dernière étape de la cote, dernier site, CHICLAYO et le musée du ¨Senor de Sipan¨, unique dirigeant présent iconographiquement dans les représentations MOCHICA, puissant, riche et entouré de tellement d'ornements, de parures et autres sacrifiés que son squelette en est tout emiétté...

Et depuis une semaine, nous sommes dans la jungle, 50% du territoire peruvien, 5% de population. Après 10 heures de route qui monte, qui tourne, qui descend et un poulet à moitie cru, nous sommes dans notre premier bateau, YURIMAGUAS/IQUITOS. 2 jours et 2 nuits en hamacs, en compagnie de 2 francais du nord, voyageurs au très long court, de tarots, unos et de rhum, au fil de l'eau et des repas de riz toutes les 3 heures.

Je vous laisse d'IQUITOS, plus grande ville mondiale joignable par mer ou air mais pas par route, qui n'échappe pas a la folie du mondial. Depuis notre arrivée au port jusqu'aux hotels, marchés et boutiques, le pieton suit les matchs sans interruption, 0-0 pour nous, aucun pronostics ni attentes, sauf pour demain matin, nouvelle journée folle de bus et barques pour attraper le prochain bateau, quelques jours jusqu'à la frontière, après, nous ne savons pas encore...

Footbalistiquement votre,